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Les principaux arrêts de la CJUE en matière de concurrence

22 décembre 2023

Contexte historique des arrêts de la CJUE

La Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) joue un rôle crucial dans l'application du droit de la concurrence au sein de l'Union Européenne.

Depuis sa création en 1952, sa mission consiste à maintenir la sécurité juridique et de garantir le respect du droit de l'Union Européenne. Elle s'assure également que les États membres respectent leurs obligations en vertu des traités de l'UE. En matière de concurrence, la Cour a pour rôle de veiller à l'application des règles de concurrence prévues par les traités, ainsi qu'à l'interprétation de ces règles par les juridictions nationales et par la Commission européenne.

Au fil du temps, la Cour a rendu un certain nombre de décisions, ou arrêts, qui ont eu un impact significatif sur la manière dont les règles de concurrence de l'UE sont interprétées. Ces arrêts ont façonné le paysage juridique européen en matière de concurrence, en établissant des précédents juridiques.

Cette juridiction a rendu plusieurs arrêts majeurs depuis le Traité de Rome en 1957, qui a créé la Communauté économique européenne et a établi les règles de concurrence de l'UE. L'arrêt de 1966 dans le dossier Grundig-Consten a été l'un des premiers arrêts majeurs de la CJUE. Dans cet arrêt, la Cour a confirmé l'interdiction des accords de distribution exclusive qui entravent le commerce entre États membres.

Depuis lors, elle a rendu de nombreux autres arrêts importants, qui ont traité de questions telles que les abus de position dominante, les ententes, les aides d'État et les concentrations. Ces arrêts ont contribué à définir la manière dont les règles de concurrence de l'UE sont appliquées, et continuent d'avoir un impact sur la jurisprudence en la matière dans toute l'UE.

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Au fil du temps, la CJUE a rendu un certain nombre de décisions

Analyse des arrêts marquants

La Cour de Justice de l'Union Européenne a rendu plusieurs arrêts marquants concernant les pratiques anticoncurrentielles.

L'un des plus notables en matière de pratiques anticoncurrentielles est le dossier T-286/09 Intel Corporation contre Commission européenne. Dans cette affaire, la Cour a confirmé que la Commission européenne avait le droit d'imposer une amende record de 1,06 milliard d'euros à Intel pour abus de position dominante. Intel avait accordé des remises à des fabricants d'ordinateurs sur condition qu'ils achètent tous leurs processeurs chez Intel, et avait payé un fabricant pour retarder la sortie de produits contenant des processeurs concurrents.

Un autre arrêt marquant est le dossier C-413/14 P, plus communément connu sous le nom de l'affaire Google Shopping, où la juridiction a confirmé l'amende de 2,42 milliards d'euros infligée à Google par la Commission européenne pour avoir favorisé son propre service de comparaison de prix dans ses résultats de recherche, au détriment de ses concurrents.

Enfin, le dossier C-179/16 F. Hoffmann-La Roche Ltd contre Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato est un autre arrêt important, où la Cour a jugé que deux entreprises pharmaceutiques, Roche et Novartis, avaient enfreint les règles de concurrence de l'UE en s'entendant pour empêcher l'utilisation d'un médicament moins cher pour le traitement de maladies oculaires.

Ces trois arrêts montrent clairement que la Cour est prête à imposer des amendes sévères. Ils indiquent également qu'elle est prête à intervenir dans des secteurs très divers, de la technologie à la pharmacie, pour faire respecter les règles.

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Avec la croissance des entreprises transnationales, le contexte de la concurrence évolue rapidement

Impact des arrêts de la CJUE en matière de concentration d'entreprises

La CJUE a rendu plusieurs arrêts importants en matière de concentration d'entreprises qui ont eu un impact significatif sur le droit de la concurrence. Ces décisions ont non seulement établi des précédents juridiques, mais elles ont également influencé la pratique des entreprises en matière de fusions et acquisitions.

Un arrêt notable est celui du cas T-342/99, Airtours/Commission. Dans cet arrêt, la CJUE a annulé la décision de la Commission européenne de bloquer la fusion entre Airtours et First Choice, deux voyagistes britanniques. La Cour a jugé que la Commission n'avait pas apporté la preuve suffisante d'une position dominante collective après la fusion qui aurait pu nuire à la concurrence. Cet arrêt a eu un impact majeur sur l'appréciation des fusions en introduisant une analyse plus rigoureuse des effets sur la concurrence.

Un autre arrêt important est celui du cas T-210/01, General Electric/Honeywell. Dans cette affaire, la CJUE a confirmé la décision de la Commission de bloquer la fusion entre General Electric et Honeywell, deux entreprises américaines. La Cour a jugé que la fusion aurait créé une position dominante sur plusieurs marchés et aurait ainsi nui à la concurrence. Cet arrêt a eu un impact significatif en affirmant le pouvoir de la Commission de bloquer des fusions même lorsque celles-ci sont approuvées par d'autres autorités, comme celle des Etats-Unis dans ce cas.

Finalement, l'arrêt dans le dossier C-413/14 P, Intel/Commission, a eu un impact notable. La CJUE a jugé que la Commission européenne devait démontrer non seulement qu'une entreprise en position dominante avait abusé de sa position, mais aussi que cet abus avait eu un effet concret sur la concurrence. Cet arrêt a eu un impact significatif en imposant une charge de preuve plus lourde à la Commission.

Ces arrêts ont tous contribué à façonner le paysage juridique de la concentration d'entreprises dans l'Union Européenne. Ils ont influencé la façon dont la Commission évalue les fusions et acquisitions.

Les décisions de la Cour de Justice sur les aides d'Etat

La Cour de Justice a rendu de nombreuses décisions importantes concernant les aides d'État et la concurrence, visant à garantir l'égalité des conditions de concurrence sur le marché de l'Union Européenne, en évitant que certains États membres n'accordent des avantages injustifiés à certaines entreprises ou secteurs.

Dans l’arrêt de 1999, l'affaire PreussenElektra contre Schleswag, la Cour a déterminé que les aides accordées par un État membre à une entreprise ne constituent pas nécessairement une violation des règles de concurrence de l'UE si elles sont justifiées par un objectif d'intérêt général. Dans ce cas précis, la Cour a jugé que la loi allemande obligeant les fournisseurs d'électricité à acheter une certaine quantité d'énergie renouvelable à un prix supérieur au marché n'était pas une aide d'État illégale, car elle visait à promouvoir le développement des énergies renouvelables.

Plus récemment, en 2019, dans le dossier Tercas, la Cour a affirmé que les mesures de soutien accordées par des entités privées ne tombent pas sous le coup des règles relatives aux aides d'État, à moins qu'elles n'agissent sous le contrôle de l'État. Dans ce cas, une association bancaire italienne avait accordé un soutien financier à une banque en difficulté. La Cour a jugé que cette mesure n'était pas une aide d'État, car l'association n'avait pas agi sous le contrôle de l'État italien.

Enfin, dans l'affaire Apple de 2020, la Cour de Justice a confirmé que les avantages fiscaux accordés à certaines entreprises peuvent constituer des aides d'État illégales si elles faussent la concurrence. Dans ce dossier, la Commission européenne avait ordonné à l'Irlande de récupérer 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux accordés à Apple. La Cour a soutenu la décision de la Commission, soulignant que les avantages fiscaux sélectifs peuvent fausser la concurrence sur le marché de l'UE.

Ces décisions illustrent l'approche de la Cour en matière d'aides d'État et de concurrence : tout en reconnaissant le droit des États membres à soutenir leurs économies, la Cour veille à ce que ces mesures n'entravent pas indûment la concurrence sur le marché de l'UE.

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La question de la régulation de la concurrence dans le secteur numérique est particulièrement saillante

Perspectives

L'un des rôles principaux de la Cour de Justice de l'Union Européenne est de garantir l'application uniforme du droit de l'Union européenne dans tous les États membres.

En ce qui concerne les perspectives futures, la Cour continuera de jouer un rôle central dans la régulation de la concurrence. Avec la croissance des entreprises transnationales, le contexte de la concurrence évolue rapidement. Cette juridiction sera donc appelée à interpréter les règles de concurrence de l'UE dans des contextes de plus en plus complexes.

La question de la régulation de la concurrence dans le secteur numérique est particulièrement saillante. Des entreprises comme Google, Amazon, Facebook et Apple sont souvent accusées de pratiques anti-concurrentielles. La Cour de Justice aura un rôle important à jouer pour déterminer si ces pratiques sont conformes au droit de l'UE.

De plus, avec le Brexit, la Cour aura également un rôle à jouer dans la détermination des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'UE. En effet, le Royaume-Uni n'étant plus membre de l'UE, il sera intéressant de voir comment la juridiction appliquera les règles de concurrence de l'UE dans ce nouveau contexte.

En somme, la Cour continuera de jouer un rôle central dans la régulation de la concurrence au sein de l'UE. Celui-ci sera d'autant plus important que le contexte évolue, notamment avec la croissance des entreprises transnationales. Il est donc essentiel que cette juridiction reste à la pointe de ces développements.

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La CJUE a rendu plusieurs arrêts majeurs en matière de concurrence depuis le Traité de Rome
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